Je t'aime comme un fou entend-le ! cley.

Une nouvelle composition, il l’avait écrite en moins de trois jours. Cette chanson l’avait tant obnubilée, elle aurait fini par le rendre fou tant en même temps les paroles lui venaient instinctivement, tant il avait du mal à trouver ses mots et à les coucher sur le papier. Ses amis musiciens avaient bien étaient heureux de voir qu’il n’était pas mort, quand il est venu dans leur local, brandissant son fameux petit carnet, caverne d’alibaba en matière de chansons, signe qu’il leur avait pondu un nouveau petit bébé qu’ils pourraient fièrement présenter dans leur petit bar fétiche. Oui, Djazz n’était pas sorti de chez lui pendant trois jours et trois nuits, et outre sa fervente inspiration dont il était prit, cela l’avait plutôt arrangé. Arrangé de ne pas croiser la femme avec qui il partage son appartement depuis cinq ans déjà, sa Cleytora, sa muse secrète dont il était éprit depuis le premier jour, le premier regard qu’il avait échangé avec la belle brune. Un amour caché, refoulé même, jusqu’à l’étouffement. Il la voulait, ses fabuleuses conquêtes ne lui suffisaient pas pour l’oublier. Sa meilleure amie était sa drogue, la consommer était interdit et il avait réussi ces dernières années à se contenter de l’amitié fusionnelle qui les liait. Et cela aurait du continuer, il aurait du s’en contenter, seulement. Mais non, la tentation était bien trop forte, et il lui avait suffi de quelques centimètres les séparant pour que son délicieux parfum l’ennivre. Ne dit-on pas « La meilleure façon de résister à la tentation, c’est d’y céder » ? Bon d’accord, cette citation est tirée d’un bouquin idiot d’amourette impossible entre une humaine et un vampire. Un vampire ? Comment peut-on désirer du plus profond de son être, et de son corps, en être mordu ? Cela retient du masochisme, mais bref. Leurs lèvres ont finis par s’unir lors d’un baiser impromptu venant du jeune homme, un baiser qui fut des plus délicats et passionné, du moins du côté de Djazz. Car il lui suffit de reculer quelques instants pour que la main de la jeune femme vienne le gicler à la joue ce qui le surprit étonnamment, il ne s’y attendait vraiment pas, pensant que ses sentiments étaient les mêmes chez elle. Et avant qu’il n’eut le temps de dire quoique ce soit, elle était sortit telle une furie de l’appartement, le laissant se morfondre sur lui-même du geste qu’il n’aurait jamais du avoir, geste qui risquait de compromettre leur belle amitié. « What about now? What about today? What if you're making me all that I was meant to be? What if our love never went away? What if it's lost behind words we could never find? Baby, before it's too late, what about now? »Ils en étaient au deuxième refrain, et la salle était bombée de monde, autant les habitués que quelques têtes inconnues, ce qui ne perturba pas le jeune homme qui était comme en transe à chaque fois qu'il était sur scène. Un bien fou le submergeait, c'était comme s'il devenait un gosse devant un magasin de jouets rien que pour lui, un sentiment de planitude et d'extase -autre que celui que la chaire féminine lui apportait- , c'était son moment à lui, à son groupe. Alors qu'ils entamèrent le couplet suivant, son regard vint se perdre dans la foule, ne les regardant pas vraiment mais un visage connu attira son attention. Il ne pouvait se tromper, il le connaissait que trop bien. Elle était là, savait-elle qu'il jouait ce soir-là ou était-elle venu juste comme ça ? Tant de questions qui s'entremêlaient dans son esprit, tellement qu'il en perdit la parole. Enfin seulement quelques secondes, le temps qu'il se reconcentre correctement. Au moins, un point était clair, il devait lui parler !

Comment je pouvais autant me détester ? Depuis quelques jours beaucoup trop de questions se posaient dans ma tête. Pourquoi est-ce qu'il avait franchit cette barrière qu'était notre amitié, pourquoi n'avait-il pas essayé depuis ? Et puis surtout pourquoi est-ce que j'avais réagit de cette manière là ? ... Le gifler avait été très certainement excessif mais sur le moment je n'avais pas pu faire autre chose. Djazz était un homme à femmes, un homme charmant et charmeur et on avait du mal à lui résister. C'était pas du tout le garçon bête et stupide qui ne vit que pour les femmes mais on ne pouvait pas nier qu'il les attirait comme le miel pour les abeilles. Je ne pouvais pas nier non plus qu'il ne me faisait rien ... Depuis le premier jour, le jour où j'ai débarqué dans cet appart que je partage avec lui depuis, je l'ai trouvé différent des autres mais je me suis toujours interdit d'éprouver de l'amour pour lui, c'était impossible. Pour moi c'était inimaginable qu'il puisse être amoureux, encore moins de moi et je n'étais pas le genre de fille à sortir avec un garçon pour deux semaines tout au plus. Alors je me taisais, je le regardais passer de fille en fille non sans un pincement à chaque fois. On était meilleurs amis et ça devait me suffire, du moins ça aurait du. Et puis il y a eu ce baiser, aussi douloureux qu'exaltant. J'en rêvais de ce baiser, de ce moment où il ne penserait qu'à moi et qu'il en aurait envie et puis s'est arrivé, malheureusement ... Normalement j'aurais du être septième ciel, folle de bonheur et tout le reste mais non. Ça a eu l'exact inverse. J'avais l'impression de ne pas être plus important que les autres, d'être qu'une fille de plus sur la longue liste des conquêtes de Djazz ... Il avait plusieurs fois essayé de me séduire et il avait vite remarqué que ça ne fonctionnait pas alors il avait accepté qu'on ne serait que meilleurs amis et puis là il recommençait ... Il savait que je n'étais pas le genre de fille à dire amen à n'importe quel garçon et là, le fait qu'il m'embrasse comme ça me mettant au niveau des autres m'avaient profondément énervée. Et maintenant je me détestais. Ce n'était pas vraiment dans l'ordre logique des choses mais je m'en voulais de ne pas lui avoir reparlé depuis ... Ça me manquait de lui parler ou même de le voir. Il fallait que je mette fin à cette tension par n'importe quel moyen.

Elyàs, le bassiste des Dazzle Gangsters m'avait envoyé un texto pour me dire que ce soir le groupe se produisait. Il devait être vaguement au courant de ce qui se passait étant donné que d'habitude il n'avait pas besoin de m'avertir. Sans hésité j'avais commencé à me préparer, si je me dépêchais pas un peu j'allais être carrément en retard, comme d'habitude ... Sans trop réfléchir j'attrapais un short en jean, un tee-shirt à l'effigie des Velvet underground et une père de tennis, j'emportais un sac et mes clefs et je claquais la porte. Je crois que j'avais jamais autant couru de toute ma vie, j'étais pas coiffé rien, j'avais passé toute la journée chez moi et comme il faisait déjà presque nuit je m'en fichais pas mal. J'arrivais toute rouge au Simply bar, le concert avait déjà commencé mais je m'en fichais, j'étais là et lui aussi c'était tout ce qui comptait.
Je m'étais mis au fond de la foule pour ne pas gêner tout le monde. Djazz allait commencer une nouvelle chanson quand je sentis son regard se poser sur moi, je lui souris aussitôt reprenant doucement mon souffle. Je levais doucement la main comme pour lui dire que j'étais bien là. « Salut ... » C'était stupide, il ne pouvait pas l'entendre ...
J'essayais de me hisser dans la foule avec un peu de mal. « Pardon, pardon ... PARDON ! » Les gens n'avaient pas l'air ravi qu'une petite brune les bouscule mais il fallait qu'ils s'y fassent.